PhotoFocus 2025 - 22e édition
Thématique annuelle : Haut en couleursDispositif d'éducation artistique et culturelle proposé par la Daac du rectorat de Créteil et ses partenaires : Bibliothèque nationale de France, Jeu de Paume, maison de la photographie Robert Doisneau - Lavoir numérique, maison européenne de la photographie, musée départemental Albert-Kahn, Clémi-Créteil.
PhotoFocus est ouvert, sur inscription, aux écoles, collèges et lycées de toutes les académies, au réseau des établissements français à l'étranger et au réseau Erasmus+
Participez en deux étapes ! Inscription avant le 10 janvier 2025
Envoi des productions avant le 04 avril 2025
Toutes les infos sur le site de la Daac de Créteil
Pour tous renseignements :
sylvain.bory@ac-creteil.fr
Se mettre au vert !
La couleur est au cœur de toutes les interprétations et de nombreuses représentations, à commencer par celles de la nature, en format paysage.
Elle suscite l'espoir, mais aussi la peur et la rage. Elle symbolise ce qui prend vie et ce qui est encore jeune et parfois fragile.
La photographie devient alors un espace vert... et ouvert aux imaginaires !
Franco Fontana est l'un des grands maîtres de la photographie couleur. Formé sous l'influence de la peinture expressionniste abstraite à partir des années 1960, le photographe italien capture des fragments de villes, de corps ou de paysages pour en magnifier les formes et les couleurs, en contrepoint de la photographie d'art de l'époque, qui privilégiait le noir et blanc.
Ses compositions géométriques et ses couleurs denses et éclatantes transforment le paysage photographié. Dans cette image, les champs de la région italienne de la Basilicate se réduisent à des lignes dessinées par la couleur des plantations et plus généralement celle de la nature, comme le vert des collines et des blés tendres. Le cadrage serré, qui fusionne formes et couleurs, rapproche la photographie des recherches plasticiennes des peintres modernes.
"Olivia Lavergne travaille sur la perception et la métamorphose du paysage, qu'il soit naturel ou artificiel, en imaginant des dispositifs visuels qui pose la question du vrai et du faux. Elle interroge la place de l'être humain dans la nature et explore la dimension mythique et mystérieuse des forêts."
(site de l'artiste).
Souvent luxuriants, ces paysages mêlent la terre, le ciel et l'eau dans un nuancier de couleurs qui plonge l'observateur au cœur de la nature, comme s'il y était. La photographie de paysage devient alors immersive, en épousant un point de vue surplombant et contemplatif.
Common People est une série photographique et une installation rassemblant les portraits anonymes de personnes homosexuelles en Ukraine. Les portraits sont rendus impersonnels par l'action du photographe Anton Shebetko : la mise en scène et le cadrage, comme par exemple dans cette image le mur vert et la plante, tendent à faire en partie disparaître le modèle. Ils masquent son visage et son identité. Dans d'autres images, c'est l'action de déchirer le papier qui efface violemment d'autres visages. Ces gestes sont une manière de protéger ces hommes mais aussi de dénoncer les discriminations et l’intolérance de la société.
"Alissa" est un projet documentaire et collaboratif lancé avec de jeunes autistes soutenus dans leur vie quotidienne par un IME (institut médico-éducatif) du Nord de la France. Il existe autant de formes d'autisme qu'il y a d'autisme. L'anxiété massive à laquelle ils sont soumis est à la mesure de la difficulté pour eux de construire une séparation imperméable entre l'intérieur et l'extérieur, qui les protège du monde. Le projet a été un espace de rencontre et de création autour des images, sur lesquelles chaque participant est intervenu, individuellement, pour créer son propre rapport au monde : cette grande tache verte projetée sur l'arbre à l'arrière plan semble rapprocher le patient de la nature à laquelle il redonne vie et couleurs. Ces images créées ensemble sont accompagnées de portraits, comme autant de moments de rencontres possibles.
« La série Umbra de Viviane Sassen, intitulée d'après le mot latin signifiant ombre, a été commandée par le Nederlands Fotomuseum de Rotterdam. Viviane Sassen nous guide à travers une série d'interprétations dans l'idée que l'ombre puisse être la métaphore de l'anxiété et du désir, des souvenirs et des attentes, de l'imagination et de l'illusion qui se manifestent dans la psyché humaine. Tout au long de la série, l'ambiguïté entre réalisme et abstraction qui caractérise son travail apparaît dans les jeux de lumière, d'ombre et de couleur, le recadrage des images et les interventions sur les tirages." (site de l'artiste)
Dans cette image, le grand filtre du carré vert, posé obliquement, agit comme un écran, barrant l'accès au réel du paysage, tout en constituant une porte d'entrée mystérieuse, ouverte comme une page sur nos imaginaires.
La série The pigment change utilise des procédés photographiques présents dans les plantes tels que la photosynthèse. Les feuilles des plantes sont exposées à des quantités variables de rayons lumineux pour produire des œuvres qui grandissent, se fossilisent et disparaissent, à des rythmes différents. Ainsi la nature fait apparaître le motif, la plante fait grandir l'image de cette photo de famille.
La photographie devient ainsi un processus performatif éphémère qui rend compte de l'univers sensible de l'artiste et de la fragilité de l'objet photographié/photographique.
La photographie de rue est l'une des voies les plus riches de la photographie couleur. Elle permet de capter l'énergie et l'effervescence de la ville, de jour comme de nuit. La foule, les passants, en sont le sujet principal, pris sur le vif de l'instant décisif, au naturel, à leur insu. Ils dynamisent la composition des images, par leur mouvement, leur forme, les couleurs qu'ils portent. Mais c'est aussi leur opposition ou leur adéquation avec le paysage urbain qui sert de décor qui donne les images les plus intéressantes.
Dans cette série de Joseph Banderet, le portrait se révèle en ville dans la lumière d'un feu tricolore, rouge, orange ou vert, comme sur cette photographie. Au feu vert de la ville répond le feu vert de l'artiste qui déclenche inopinément son appareil pour capter le visage d'un homme. Les feux deviennent les lumières artificielles d'un studio de photographe à ciel ouvert, les "Barrières passagères de la course de chacun, lucioles intermittentes agglutinant la foule, spectatrice impatiente guettant leur extinction." (propos de l'artiste).
"Chaque matin, des groupes de plusieurs perruches volaient chacun vers l'orme près de chez moi dans le quartier Setagaya de Tokyo.
Les perruches avaient des ailes vert citron trop brillantes. Ces oiseaux tropicaux étaient incongrus dans l’environnement de Tokyo et je trouvais leur apparence dérangeante. J'ai fait quelques recherches et découvert que ces perruches avaient été importées au Japon dans les années 1960 et 1970 en provenance de régions tropicales de l'Inde et du Sri Lanka pour être vendues comme animaux de compagnie. Depuis, elles avaient élu domicile à Tokyo.
J'ai utilisé des stroboscopes pour photographier les perruches le soir, lorsqu'elles rentraient chez elles.
Les perruches avaient des ailes vert citron trop brillantes. Ces oiseaux tropicaux étaient incongrus dans l’environnement de Tokyo et je trouvais leur apparence dérangeante. J'ai fait quelques recherches et découvert que ces perruches avaient été importées au Japon dans les années 1960 et 1970 en provenance de régions tropicales de l'Inde et du Sri Lanka pour être vendues comme animaux de compagnie. Depuis, elles avaient élu domicile à Tokyo.
J'ai utilisé des stroboscopes pour photographier les perruches le soir, lorsqu'elles rentraient chez elles.
Ces perruches ne sont pas censées vivre à Tokyo, mais elles sont là. Et c’est le sentiment intensément étrange que j’ai ressenti lorsque j’ai vu cet essaim d'oiseaux pour la première fois, et que j’ai voulu capturer sur ces photographies."
(site de l'artiste)
Avec leurs couleurs hallucinatoires, leurs formes liquides et leurs contours changeants, les photographies du jeune artiste sont résolument picturales : les sujets se dissolvent dans des couleurs criardes et des taches ruisselantes qui leur donnent un éclat surnaturel. Le Japon de la série In Bloom semble être un lieu imaginé plutôt que réel, pris dans le spectre de couleurs étranges et artificielles. Rappelant les bouquets de fleurs artificielles apportés pour baptiser les nouveaux clubs, et en hommage à une interprétation enivrée de In Bloom de Nirvana dans un bar karaoké de Tokyo, la série d'images du photographe semble en mutation, entre rêve et réalité, entre vrai et faux bouquet, réduisant le motif de la nature morte aux aplats de couleurs d'un tableau abstrait.
Attention ! La démarche de l'artiste et certaines photographies de la série peuvent heurter la sensibilité du jeune public.