Ethnographies est un projet photographique qui vise à créer des archives visuelles de coutumes et de manifestations folkloriques de la Roumanie rurale contemporaine, dans un contexte de dépeuplement et de migration. Felicia Simion a commencé à documenter ces coutumes lors de sa première année d’études en ethnologie. Elle s’est particulièrement intéressée à la façon dont le présent est en mesure de réitérer, de recontextualiser et même de réinterpréter «l’archaïque ». Le folklore passe par une série de portraits où les couleurs des objets et des costumes captent le regard et la scène devenue pittoresque. La série s'inscrit dans la lignée des Archives de la Planète d'Albert Kahn.
Véritable icône de la photographie contemporaine, Martin Parr est célèbre pour ses clichés pop et décalés documentant la société britannique. Dans cette série, il photographie son voyage à Blackpool en septembre 2020 pendant la pandémie de coronavirus, en saisissant dans son objectif la banalité de la vie quotidienne dans un contexte qui ne l'était pas. Avec des couleurs vives saturées et des cadrages façon cartes postales, ses images dévoilent son regard espiègle et sans filtre sur la société des loisirs et la culture populaire.
"Avec cette collection fragmentée de moments intimes, choisis par la famille dont on veut se souvenir, j'isole des résonances évidentes dans la vie des gens et confronte leur posture, leurs rassemblements, leurs loisirs ou leur vie quotidienne. Depuis l'apparition du médium de la photographie - et avant cela de la peinture - des familles du monde entier choisissent de documenter leur vie et leur temps ensemble et l'album photo de famille devient souvent une relique sacrée, portant l'histoire familiale et avec elle, son passé. Ces photos assemblées rassemblent des familles qui ne se sont jamais rencontrées, venues de différentes époques et de différents continents. Ce casse-tête mémoriel un peu chaotique révèle de fortes similitudes dans la vie de ces personnages, et sous l’aspect brut de l’assemblage, apparaît la douce histoire d’un lien universel."
(site de l'artiste)
"In Almost Every Picture # 1 est une collection de centaines de photos prises de sa femme par un homme entre 1956 et 1968. Elles sont remarquables par leur cohérence. Ils sont naturels mais se mettent en scène. Amateur et professionnel à la fois. La femme est au centre de la photo et pose gracieusement sur presque toutes les photos. Pendant douze ans nous voyageons avec elle dans différents endroits. On voit son âge, ses coiffures changent. Son goût en matière de mode aussi. La collection de photographies a été trouvée dans un marché aux puces de Barcelone. Le photographe et son modèle sont – jusqu’à présent – non identifiés."
(site de l'artiste)
Erik Kessels reprend les photographies des images et les classe par couleur, selon la qualité et l'évolution chromatique des tirages, recréant une histoire intime et le voyage dans le temps d'un couple. Artiste iconographe, il efface la frontière entre la photographie vernaculaire et la pratique artistique.
Le festival des éléphants de Jaipur, au Rajasthan, a toutes les apparences d’un concours de beauté. Dans cette série photographique, c’est bien l’éléphant, au centre de l’image qui fait l’objet du portrait tandis que son maout semble être le prolongement du corps du mastodonte. Charles Fréger choisit de photographier en dehors de l’événement. L’éléphant quitte le milieu urbain et pose dans une nature rocailleuse, sous une lumière éblouissante. La contre-plongée de la prise de vue hisse l’animal à un rang dominant et sculptural. Ici, il est à la fois sujet, support de motifs peints et de trompe-l’œil : rosaces et fleurs exotiques croisent étoiles ou bariolages extraordinaires. Ces couleurs lumineuses rappellent le rôle des couleurs dans les fêtes indiennes : la population joyeuse se jette alors des pigments de couleurs et célèbre la joie de vivre ensemble : le vert pour l’harmonie, l’orange pour l’optimisme, le bleu pour la vitalité, le rouge pour la joie et l’amour.
Au Bénin, l'expression « Lever les sages » désigne l’action de remercier un ancien pour les conseils prodigués. Les «sages » sont aussi les défunts représentés en des divinités que les adeptes – membres d’une famille – honorent. Sans savoir qui est sous ce masque, au risque de mourir si le pagne du Egoun vous touche, cette série ambitionne de capter ces apparitions chatoyantes en allant à la rencontre de revenants mais aussi des vivants qui les convoquent et les accompagnent.
Elizaveta Porodina, psychologue clinicienne de formation, s'intéresse à la psyché de ses modèles féminins et donne aux images de mode qu'elle construit une coloration chatoyante et inquiétante à la fois comme si l'image glissait dans un monde étrange, hallucinatoire et surréaliste. Dans ses "shootings thérapie", l'artiste cultive la bizarrerie en accentuant notamment les couleurs, comme dans cette image en mouvement, inspiré du cinéma, de la danse filmée et des publicités, où le modèle est nimbé des trois couleurs primaires, rouge, bleu et jaune.
La pratique artistique de Farah Al Qasimi consiste à photographier des lieux inhabituels. Pour The World is Sinking, elle pose un regard plus introspectif sur les Émirats, où elle a grandi. L'artiste est fascinée par le changement rapide du pays au nom du développement économique, conduisant à des changements brutaux et souvent absurdes, de paysages d'oasis en plein désert aux traces d'une occidentalisation ostensiblement visible. Farah Al Qasimi tente de capturer ce paysage étrange, entre rêve et réalité, entre deux mondes, comme dans ce portrait camouflé de femme, noyée dans le motif oriental qui ne laisse finalement paraître, en décalage, que des chaussures de fête aux couleurs criardes et flourescentes.
Mondialement connus, Pierre et Gilles développent depuis 1976 une œuvre à quatre mains entre peinture et photographie. Leurs tableaux mettent en scène leurs proches, anonymes ou célèbres, dans des décors sophistiqués construits grandeur nature en atelier. Une fois la photographie tirée sur toile, commence un méticuleux travail de peinture. Ces créateurs d’images ont constitué une iconographie singulière explorant la frontière entre l’histoire de l’art et la culture populaire.
Parmi les icônes des artistes, se trouve au firmament Sylvie Vartan. Ils ont créé Si j’étais général lors de la tournée de la chanteuse au Japon en 2018. Objets et couleurs kitsch composent le portrait officiel de la star, entre photographie, tableau et pochette d'album.
Les manufactures d’une même marque de puzzle utilisent toujours la même forme de découpe pour concevoir ses boîtes vendues à des milliers d'exemplaires. Kent Rogowski combine les pièces de dizaines de puzzles différents pour recomposer des paysages hybrides, proches de l’hallucination. En déconstruisant ces décors convenus faits de fleurs géantes, de châteaux romantiques et de ciels bleus outranciers, la série Love=Love redevient un jeu pour le spectateur qui retrouve dans ces compositions surnaturelles l’imagerie naïve des puzzles de son enfance.