Le jeu avec les mots : entre écriture et plasticité
Objectifs et contenus de la formation "Les mots dans l'art" (2015 / 2017)
Objectifs : Étudier les liens entre les arts visuels, le cinéma et l’écriture. Comprendre les pratiques plastiques et scripturales des artistes. Se familiariser avec les expérimentations verbales et visuelles de différentes formes artistiques.
Contenus : Dans une société saturée de textes et d’images, les artistes interrogent le langage et remettent en question les codes et les conventions touchant aux domaines de la perception et de la lecture. A travers une histoire des mots dans les arts visuels, graphiques et cinématographiques, il s’agit de montrer l’interaction entre les disciplines artistiques et littéraires, leurs influences mutuelles et leur complémentarité, les nouvelles pratiques dans l’art contemporain permettant d’appréhender l’écriture comme un phénomène/matériau visuel et verbal à travers des médias artistiques comme le livre, la peinture, la vidéo, le cinéma, l’installation ou la performance…
Avec le Frac
Certaines œuvres de la collection du frac sont autant d’indices qui nous rappellent l’importance du langage dans l’art contemporain. Jouant avec les lettres, les mots, leurs sens, mais aussi les formes que peuvent prendre les mots, les artistes écrivent, dessinent, peignent, impriment, prononcent … Ils vont jusqu’à inventer de nouveaux langages, au travers d’œuvres qui font état de foisonnants modes d’énonciation, d’apparition et de production des signes et des images.
Avec la BnF
Créateur inlassable, Roland Topor (1938-1997) mit son crayon au service d’un imaginaire débridé : dessins d’humour, illustrations pour la presse et l’édition, affiches, films d’animation, émissions de télévision, décors et costumes de théâtre. Topor fut en outre l'auteur de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre, de chansons et de scénarii de films. Son œuvre trouve son aboutissement dans l’édition, car il considérait que son public ne devait pas se limiter aux seuls collectionneurs et amateurs d’art.
Avec la Cinémathèque française
La présence de l’écriture sur l’écran de cinéma a d’abord servi à donner aux spectateurs des informations qui semblaient difficiles à transmettre en l’absence de son (lieu, temps, dialogue…). A l’époque du muet, les cartons, parfois très inventifs, remplissaient ce rôle. Les avant-gardes cinématographiques, des années 1920 à nos jours, ont aussi exploré d’autres dimensions de la présence de lettres à l’écran, en s’appuyant autant sur l’aspect graphique de celles-ci que sur le détournement de sens (et son aspect critique et analytique) qu’elles permettent de révéler. Lors de cette formation, ces notions seront abordées par le biais d’extraits, et de deux expériences pratiques - composition d’un rayogramme le matin et travail d’intervention sur pellicule l’après-midi - qui permettront d’éprouver les liens plastiques entre images et lettres.
Avec le Centre Pompidou
Si, selon Confucius, une image vaut mille mots, que vaut le mot au sein d’une image, au sein de tout un espace comme au sein d’une page ? Pour aborder cette question, nous traverserons les collections du Musée national d’art moderne : dans une certaine chronologie, nous allons voir évoluer la relation de l’image avec l’écrit, depuis les cubistes et les Dada (Picabia, Duchamp) jusqu’à l’art conceptuel et les lettristes,... Au fil de ce parcours, nous observerons ici et là ce qui fait la signature de l’artiste, son chiffre, les jeux de patronymes, de pseudonymes.
Avec Sophie Calle, nous aborderons la question de l’exposition de soi, de l’œuvre à lire, comme un roman, prélude à la découverte de l’exposition de « Dominique Gonzalez-Foerster » où nous jouerons peut-être aux « hommes et femmes-livres » comme dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. (formation 2015)
Nous terminerons cette approche avec l’artiste américain Cy Twombly dans l’exposition que lui consacre le centre Pompidou. (formation 2017)
Avec le Mac Val
La visite et la rencontre : Performeur, plasticien, Jean-Christophe Norman explore l’écriture à travers le monde, recopie extrait ou totalité de romans illustres à même l’asphalte. Dans un projet d’écriture personnel, Grand Mekong Hotel, il relate son récent séjour à Phnom Penh, animé d’un projet fou, reproduire les plans de l’appartement parisien de Marguerite Duras sur le fleuve Mékong. Invité par le MAC VAL à poursuivre ses arpentages, il s’affronte à la plus haute cimaise du musée, fait corps avec cette paroi pendant des jours entiers pour réécrire son propre récit, page à page. Par ce geste, cette action de recouvrement, il immerge le visiteur dans la dimension plastique, picturale de l’écriture.
L'atelier de pratique : Fondée en 1982 par Pierre Fourny et implantée dans l'Aisne depuis 1990, ALIS développe une pratique artistique qui échappe aux disciplines conventionnellement reconnues et que les vocables de théâtre d'objets ou de théâtre visuel tentent d'approcher. ALIS s'emploie, dans ses manifestations artistiques protéiformes (performances scéniques, installations, design d'objets, vidéos, livres...) à manipuler, à détourner des signes parfaitement reconnaissables par tous (images publicitaires, objets quotidiens, symboles...) pour ouvrir sur d'autres sens. C'est aussi dans cet état d'esprit de bricolage et de braconnage qu'ALIS s'est emparée des technologies de l'image, d'abord diapositive puis numérique. L'atelier permettra d'expérimenter le Typomatic.
Avec le Palais de Tokyo
- Voir aussi l'exposition récente
Shéhérazade la nuit ("
Ô public bienheureux, on raconte que dans un monde en proie à de multiples crises, des artistes se proposent d’écrire des fictions inspirées des réalités dans lesquelles ils et elles vivent.") :
https://palaisdetokyo.com/exposition/sheherazade-la-nuit/"UGO RONDINONE : I ♥ JOHN GIORNO" est la première rétrospective mondiale sur la vie et l’œuvre du poète américain John Giorno (né en 1936, vit à New York), figure majeure de la scène underground américaine des années 1960. L’exposition est conçue par l’artiste suisse Ugo Rondinone (né en 1964, vit à New York) comme une œuvre à part entière, sous la forme d’une déclaration d’amour. « J’ai imaginé l’exposition en huit chapitres qui représentent chacun une facette de l’œuvre foisonnante de Giorno », explique Ugo Rondinone. Personnage iconique des premiers films d’Andy Warhol, Giorno s’inspire de la libre appropriation des images du Pop Art et capture sur le vif la langue populaire des publicités, de la télévision, des journaux et de la rue. Dans la lignée de la Beat Generation, il renouvelle le genre de la « poésie trouvée » et œuvre pour rendre la poésie ouverte à tous.
En lien avec l’exposition, Dial-a-poem / Appelle un poème : 0800 106 106
Avec le musée d'art et d'histoire de Saint-Denis
Sylvie Blocher créé, spécialement pour le musée d’art et d’histoire, deux nouvelles œuvres. Un détournement des sentences religieuses et morales qui envahissent l’architecture de cet ancien carmel, et une série de cinq portraits vidéo de personnes chuchotant des textes ayant entraîné la mort de ceux qui les ont écrits, placés dans les anciennes cellules des nonnes.
Propos de l'artiste : “ Le musée d’art et d’histoire-s de Saint Denis est un carmel, un jardin, une chapelle, un tribunal, un cloitre. On y voit des objets datant la Révolution, des poteries, des objets de culte, de vestiges mérovingiens, des lithographies d’Honoré Daumier, des peintures, une chapelle vidéo, des sculptures, des archives de la Commune de Paris, de la résistance et de Paul Éluard. Il y a aussi la bourse brodée de Louise Michel. Le musée d’art et d’histoire-s de Saint-Denis est un lieu hybride avec des cellules des nonnes surmontées de sentences moralistes qui donnent envie de soupirer. J’installerai des discours politiques chantés dans la chapelle du musée, créerai des portraits silencieux de genre féminin articulant des “paroles interdites” dans les cellules des nonnes, montrerai des hommes en état de “lâché prise” dans la salle capitulaire. Dans un coin on verra la vie de Jésus après sa psychanalyse. Des dessins et même la religieuse de Diderot y fera un tour.”